Au Japon, un retraité a récemment porté plainte contre la NHK, le groupe audiovisuel public japonais : la surabondance de mots anglais dans les émissions aurait provoqué chez ce japonais de 71 ans une « détresse émotionnelle ». Nous avons donc décidé de nous interroger sur la relation entre le japonais et l’anglais, sur les domaines d’utilisation de l’anglais et sur les différents procédés de néologisme utilisés par les Japonais.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le pays du Soleil Levant fut occupé par les Américains pendant près de sept ans. Les traces laissées par cette période d’occupation s’avèrent être profondément enracinées dans la langue japonaise. En effet, les affichages commerciaux, les noms de lieux sont souvent bilingues (japonais et anglais). Par ailleurs, il est fréquent d’entendre de l’engrish (une traduction de l’anglais vers le japonais, souvent erronée) notamment chez les jeunes et dans le secteur de la publicité pour lequel l’utilisation de termes anglais ou occidentaux s’avère être plus percutante chez le consommateur, un peu comme une mode, un effet de style. Nous sommes notamment tombés sur des photographies d’un magasin de vêtements pratiquant les soldes et affichant : « Fucking sale » qui équivaudrait à écrire en français « Put*** de soldes » ! La plupart du temps, ces termes sont issus de l’anglais puis adaptés en fonction de la prononciation japonaise : computer (ordinateur) -> conpyutaa. Ils vont même parfois jusqu’à inventer, à partir de termes anglais, de nouveaux mots : ainsi, le terme « nighter » (qui n’existe pas en anglais) doit se comprendre comme « match nocturne » ou encore « salaryman » (sararīman) pour « travailleur salarié ». Ce processus de néologie comprend également la création de sons qui n’existaient pas auparavant dans la langue japonaise : pour représenter le son « w » dans l’écriture, on associe un « u » à une petite voyelle (en effet, en japonais, la plus petite unité phonétique est constituée de syllabes, pourtant chaque consonne est toujours associée à des voyelles, avec la seule exception du son « n »).
La proximité de nombreux termes avec la langue anglaise pose véritablement des problèmes de compréhension en ce que les Japonais ne sont pas les plus brillants lorsqu’il s’agit de comprendre et parler la langue anglaise. En effet, les résultats obtenus au TOFL Ibt® placent le Japon au 27ème rang sur 30 pays asiatiques.
Ce phénomène constitue une véritable entrave à la communication entre les anglicisants et les personnes ne maîtrisant pas l’anglais. Pour tenter de remédier à cette difficulté, un lexique contenant les transcriptions katakanas les plus utilisées (le « katakana » est une forme d’écriture utilisée en japonais contemporain pour transcrire les mots étrangers) a été créé afin de fournir une signification à toutes les personnes ne maîtrisant pas cette forme d’expression.
Le gouvernement japonais n’a mis en place aucune politique visant à protéger le japonais de l’invasion des autres langues (notons à cette occasion qu’aucun document juridique ne déclare le japonais comme langue officielle du pays) ; néanmoins, des efforts ont été réalisés en ce sens : la création d’une commission chargée de mener la « chasse » aux mots katakanas qui vient compléter les missions du Conseil de la langue japonaise qui analyse les nouveaux termes entrés dans la langue et conseille au gouvernement et aux médias d’éviter certains termes considérés comme non appropriés.
Enfin, sachez que la langue japonaise utilise également des mots français, l’exemple le plus fréquent étant le terme « concierge » que l’on retrouve sous la forme suivante : konsheruju, mais aussi « pamphlet » = panfuretto, « gourmet » = gurume, « Mont Blanc » = mon buranku ou « fiancé » = fianse.
Nous disposons d’un personnel spécifiquement formé aux difficultés imposées par la traduction vers le japonais, n’hésitez pas à consulter notre site Internet en cliquant ici.