Première question. M. Moretto, votre entreprise fait partie des chanceuses qui, malgré la crise, augmente chaque année son chiffre d’affaires. Comment y êtes-vous parvenus ? Est-ce un coup de chance ou est-ce que tout le mérite revient à vous seul ? Bien que cela puisse sembler évident, la chance aide bel et bien les plus ambitieux : j’adore les défis car je suis quelqu’un qui se projette toujours dans l’avenir ; je plonge la tête la première car j’aime être le tout premier à franchir la ligne d’arrivée. Je pourrais me définir comme un « aventurier tenace » : je ne lâche rien tant que je n’ai pas atteint mon objectif. Mais je ne suis pas un téméraire : j’accepte uniquement les défis au risque contrôlable. Les différentes analyses et la connaissance du secteur et du marché m’aident à identifier les projets susceptibles de se solder par une réussite. Le risque non contrôlable « fait suer » de nombreux entrepreneurs, mais une entreprise, c’est comme une famille : on ne peut prendre des risques sur le dos des autres ; les « autres » sont mon entourage et les salariés, ainsi que leurs familles.
Deuxième question. Quel a été le poids de votre génie, de la chance et de votre envie de gagner dans votre ascension ? Je dois tout aux intuitions et à la chance d’avoir eu, et d’avoir encore aujourd’hui, des intuitions, ainsi que la rage de gagner grâce à laquelle je suis toujours en mouvement.
Troisième question. Quelle définition donneriez-vous au génie ? Pour moi, c’est l’union entre la raison et la passion, entre le caractère pondéré de la rationalité et la force explosive de l’intuition.
Quatrième question. Naît-on génie ou le devient-on ? On naît génie et l’on apprend à le développer.
Cinquième question. Comment vos hommes ont-ils contribué à votre réussite ? La motivation. Je suis responsable de leurs vies et cela me pousse à donner le maximum et encore plus.
Sixième question. Vous êtes entourés de nombreuses femmes. Parlez-nous un peu de votre vie au milieu de ces femmes. C’est une vie magnifique et pleine d’émotions. Outre ma mère, une femme unique et forte, je partage ma vie avec deux êtres exceptionnels : ma femme qui est hyperactive et qui bouillonne d’énergie, et ma fille, vive et très douce, mon plus grand trésor qui me permet de voir le monde à travers un filtre coloré. Et puis, il y celles que j’aime appeler mes « Charlie’s Angels » : mon personnel. Au sein de mes bureaux, les femmes sont en grand nombre : elles sont à la fois polyvalentes, précises, créatives et pragmatiques. Nous avons également de nombreux hommes et je dois dire que les deux genres font un travail magnifique et se complètement mutuellement.
Septième question. Pensez-vous que l’Italie puisse encore donner la possibilité aux jeunes de rêver ? Oui, et comme vous pouvez le voir, je reste dans ce pays : je travaille avec l’étranger mais mon cœur penche toujours vers l’Italie. L’Histoire nous montre bien que l’Italie a toujours su innover et se réinventer ; elle donnera à ses enfants pleins de bonne volonté la possibilité de se construire une vie heureuse.
Huitième question. Quelle est votre point de vue sur la situation des jeunes ? Nos jeunes doivent trouver le courage de réagir, de construire une Italie nouvelle. Il est nécessaire de devenir cosmopolite, de se détacher du chauvinisme et de regarder vers l’avenir, de mettre à profit l’histoire et les erreurs parfois commises par les parents, afin de ne pas les répéter. Initiative, esprit de sacrifice, humilité sont les trois fers de lance que j’exige des jeunes qui montent sur mon bateau pour débarquer ensemble dans tous les ports et sillonner, avec courage, toutes les mers du monde.
Neuvième question. Vous avez commencé votre activité en fournissant des traductions, mais au cours des années, votre offre de de produits s’est considérablement élargie. Pourquoi ce choix ? Et quelle est la réaction du marché ? La traduction est communication. Sans la communication, on ne peut rien faire : impossible de bavarder, impossible d’échanger des informations, impossible de commerce, etc. Communiquer avec les mots est indispensable mais toutes les autres formes de langage ont elles aussi leur importance : la démarche est donc rapide et naturelle pour servir au mieux le client. Les nouveaux produits que nous offrons appartiennent au secteur de la communication et de la publicité traditionnelle et innovante : lorsqu’un client souhaite se tourner à l’international, nous l’aidons à vendre, à trouver un siège, des agents ou un personnel, voire à trouver des clients s’il le souhaite. Nous traduisons sa correspondance, tous les manuels ou contrats, et nous l’aidons dans sa démarche de webmarketing avec des services de graphisme, etc.
Je dois dire que le marché nous répond d’une manière satisfaisante. Je suis ravi de voir que la persévérance est récompensée par la confiance que les clients nous accordent.
Dixième question. Quel est votre mythe, le personne à qui vous souhaiteriez ressembler ? J’ai beaucoup de noms en tête : notre Seigneur pour son immense charisme et mon papa qui est l’homme le plus bon que je connaisse.
Onzième question. À voir toutes les pièces présentes dans votre bureau, on comprend que vous êtes un passionné d’histoire antique. Comment conciliez-vous cet amour pour un monde antique et toute la technologie mise en avant par votre entreprise ? Je pense que les deux sont parfaitement compatibles : en effet, que ce soit dans l’histoire, au présent ou à l’avenir, l’homme est toujours animé par cette soif d’améliorer sa vie. J’aime chercher à comprendre ce qui a conduit l’homme à faire une découverte plutôt qu’une autre.
Douzième question. Comment occupez-vous votre temps libre ? Possédez-vous un yacht ? Non (rires, Ndlr.), je possède un canoë avec lequel je navigue sur les vagues du Lac de Garde et du Lac d’Iseo en solitaire, dans la solitude d’un homme qui cherche à s’unir à l’Infini, à l’Absolu. Un bon moyen pour penser, réfléchir et m’interroger sur mes choix : « un examen de conscience » qui m’apporte un peu de paix et de sérénité.
Treizième question. Quels sont vos objectifs pour l’avenir ? Gagner. Guider toutes les personnes qui voudront bien me suivre fidèlement dans mes batailles, jour après jour, se retrouver le soir autour d’un bon feu avant de repartir le lendemain après avoir dormi à poings fermés.