Nous continuons notre voyage au cœur de l’évolution du français avec cette semaine un article sur le rôle de l’arabe dans la langue française.
L’empire arabo-musulman commença à se répandre en Occident à la fin du Vème siècle après J-C et nous est parvenu par l’intermédiaire d’autres langues telles que l’italien, l’espagnol ou encore le français provençal.
Il convient de rappeler qu’au Moyen-âge, le monde arabe jouissait d’une période florissante en ce qui concerne les aspects militaires, politiques, scientifiques et culturels. Il est donc tout à fait normal que cette population ait exercé une certaine influence sur les nouveaux pays conquis.
Les Arabes nous ont en effet fourni une large palette de connaissances dans des domaines techniques tels que la science, les mathématiques, la chimie ou encore l’astronomie. Grâce au travail de l’Anglais, Adélard de Bath, qui traduisit de l’arabe vers le latin, le monde occidental accueillit une partie importante des savoirs détenus par les scientifiques et intellectuels arabes : on compte notamment la traduction des « Éléments » d’Euclide, de l’« Arithmétique » d’al-Khuwārizmi. Mais cette population nous fit également connaître des ouvrages grecs. En effet, lors du règne des Califes abbassides, furent créés des centres de traduction appelés « Maison de la Sagesse » qui s’attelèrent à la traduction de publications d’origine grecque.
Voyons à présent dans le détail les domaines dans lesquels l’apport arabe a été significatif. C’est en termes de découvertes scientifiques que les Arabes furent les plus généreux : « algèbre, zéro, chiffre » pour les mathématiques mais aussi « alambic, alcali » utilisés par les alchimistes. L’astronomie représente l’un des pans les plus importants du savoir arabe ; en effet, de nombreux noms d’étoiles revêtent une origine arabe : « Deneb, Rigel, Saïph ».
L’influence de la langue arabe ne se limite pas aux domaines spécialisés, les animaux (girafe, cafard), la gastronomie (méchoui, couscous, taboulé), la botanique (jasmin, safran) et les fruits (abricot, pruneau) sont également concernés.
Ensuite, lors de la période des Croisades, il y eut un échange de termes relatifs à la guerre et aux expressions marines comme en témoignent les mots « amiral, jaseran, mamelouk ». Ces « moments de rencontre » ont également assuré la transmission de termes liés au commerce : douane et magasin, dont ce dernier nous serait probablement parvenu grâce à l’intervention de l’italien magazzino ou du français provençal magazenum. La France reçut également un certain nombre d’apports en ce qui concerne les noms de vêtements : satin, jupe, mohair, gilet (de l’arabe Jaleco puis de l’espagnol Jileco).
La colonisation des pays maghrébins par la France a notamment contribué à élargir le vocabulaire français. Plus précisément, avec la conquête de l’Algérie en 1830, les nouveaux mots d’origine arabe qui firent leur apparition appartiennent à un langage familier : casbah, maboul, kif-kif, bled, toubib.
Enfin, plus récemment, les conflits arabo-musulmans au Proche-Orient se sont accompagnés des termes suivants : ayatollah, jihad, intifada.