L’année 2015 a vu le retour de l’un des classiques de Disney sur le grand écran, Cendrillon, et les studios Disney ont déjà annoncé la sortie de 4 autres longs métrages dans lesquels prendront vie certains des héros des célèbres dessins animés. Une récente étude menée par deux professeurs Carmen Fought et Karen Eisenhower s’est concentrée sur le langage des personnages masculins et féminins dans les films d’animation Disney, les résultats sont assez surprenants, découvrons-les ensemble !
Pour effectuer cette analyse, les deux linguistes ont rassemblé tous les dialogues des films en question afin de déterminer le nombre de lignes prononcées par les femmes et celles attribuées aux hommes. à la grande surprise, on découvre que les 3 premiers films, à savoir Blanche-Neige et les Sept Nains (1937), Cendrillon (1950) et la Belle au Bois Dormant (1959) accordent respectivement 50 %, 60 % et 70 % du temps de parole aux femmes. Lorsque l’on sait que ces films ont été réalisés à une époque où la femme n’avait pas encore acquis tous les droits qui lui sont aujourd’hui reconnus, on peine à comprendre ces chiffres. Après ces films, il aura fallu plus de 30 ans à Disney avant de revenir en 1989 avec La Petite Sirène. Malgré ces trente années marquées par des bouleversements sociaux importants, avec la Petite Sirène et ses successeurs, les femmes ont de moins en moins droit à la parole. En effet, dans La Petite Sirène, 68 % du dialogue est réservé aux personnages masculins, le fait que le personnage principal est muet a peut-être joué en ce sens, mais les autres films ont suivi la même tendance. La gente masculine prononce 71 % des lignes dans la Belle et la Bête, 90 % dans Aladin, 76 % dans Pocahontas et 77 % dans Mulan (cette dernière étant calculée dans les femmes). Quant aux dessins animés les plus récents, comme Rebelle et Raiponce, ce sont les femmes qui l’emportent. Selon les linguistes, cette prépondérance masculine trouverait sa réponse dans l’imaginaire collectif dans lequel l’homme représente la norme, la droiture. Notons également l’absence, à l’exception de Madame Samovar, dans la Belle au Bois Dormant, de personnages féminins comiques et bavards comme l’ont été par exemple Mushu et Sébastien.
L’autre aspect analysé dans ce travail a été la part de compliments reçus sur l’aspect physique et ceux sur les exploits, les compétences du personnage. Ici, on observe une nette évolution temporelle ; en effet, alors que dans les premiers films, les compliments portaient essentiellement sur l’aspect physique de la princesse, les derniers films tendent à casser le moule et à féliciter la gente féminine sur ses exploits, son intelligence. Notons que ce comportement est également un conseil que donnent les psychologues aux parents : mieux vaut féliciter les enfants sur leurs capacités que sur leur apparence physique.
Pour ce qui est de l’interprétation du message véhiculé, on y voit toujours une princesse aux attraits magnifiques, maigre, portant beaux vêtements et sans aucun défaut physique alors que les méchantes sont souvent représentées avec une physionomie plus imposante, des défauts physiques, une voix imposante. Mais en 2012, Disney marqua un véritable tournant avec Rebelle et ses cheveux bouclés, indisciplinés, symbole du désordre, une qualité loin d’être digne des princesses que l’on connaissait jusqu’à présent, sans parler de sa couleur de cheveux qui la différencie des princesses précédentes. Mais il est bon de rappeler que les messages Disney peuvent donner lieu à des interprétations différentes selon les pays, en ce que les concepts mis à l’écran n’ont pas toujours la même signification. Rappelons que le film Mulan a reçu un très mauvais accueil en Chine, les Chinois trouvant Mulan trop auto-glorifiante cherchant à atteindre une certaine célébrité pour elle-même. Mushu étant également selon eux trop américain notamment lorsqu’il brise la statue d’un grand dragon et fait ensuite semblant d’être le dragon (et pour finir en beauté, voici un extrait de ce passage, régalez-vous !)