Aujourd’hui, nous avons décidé de nous intéresser aux langues créoles et pidgins parlées dans le monde entier et par de nombreux locuteurs.
êtes-prêts pour notre voyage au cœur de ces idiomes assez peu connus ? Première question : avez-vous idée de ce que sont les pidgins ? Si l’on s’en tient à la définition de l’encyclopédie Larousse, il s’agit d’un « système linguistique résultant de la simplification d’une langue, servant uniquement aux besoins d’une communication limitée, sans être la langue maternelle de personne ». Le pidgin le plus ancien est très probablement la lingua franca (constituée de mots italiens, espagnols et occitans) avec laquelle communiquaient les commerçants venant « faire leurs affaires » dans les ports de la Méditerranée. On peut également citer le Russnorsk composé d’apports russes et norvégiens et utilisé, encore une fois, à des fins commerciales par les Russes qui se rendaient en Norvège pour y acheter le poisson.
Maintenant que nous avons vu ce qu’étaient les pidgins, penchons-nous à présent sur les langues créoles. Ces langues sont apparues au XVI-XVIIe comme conséquence de la traite des Noirs organisée par les grandes puissances coloniales européennes, elles sont donc étroitement liées à la présence des colons. En effet, par opposition aux langues traditionnelles, elles résultent de l’abandon d’une langue maternelle provoqué par le contact brutal avec la civilisation occupante. Ce fut notamment le cas des Antilles, pays vers lequel ont été transportés des milliers d’Africains pour travailler comme des bêtes sur les plantations de cannes à sucre, tabac, etc., sans mentionner les mauvais traitements qui leur furent infligés. Les esclaves ne pouvant communiquer entre eux car issus de pays et donc de langues différentes, ils n’eurent d’autre choix que de se regrouper autour d’une nouvelle langue construite sur la base des mots qu’ils entendaient tous les jours sortir de la bouche des maîtres et dont la grammaire est proche de celle innée.
On voit donc bien que ces deux systèmes sont nés de l’association entre deux langues : les pidgins servaient un objectif pragmatique, permettant de faciliter les échanges entre deux langues très différentes, alors que les langues créoles sont le fruit d’une contrainte, celle d’être obligés de renoncer à sa langue maternelle du fait d’un déplacement géographique (sur un autre continent), du contact avec cette autre langue et du besoin de communiquer son désespoir avec des personnes traversant les mêmes difficultés.
Saviez-vous que les langues créoles sont présentes sur tous les continents, sauf en Europe. Prenons les créoles parlés par le plus grand nombre de personnes : les créole français, anglais et portugais.
Les créoles français remontent à l’époque des anciennes colonies françaises implantées aux Antilles, en Guyane ainsi que dans certaines îles de l’océan Indien. Juste quelques chiffres pour vous donner une idée de l’importance de ces langues. À Haïti, le créole est utilisé par 7 millions de locuteurs, en Martinique par 380 000 et à Saint-Barthélemy par 1000 personnes. Mais le créole français est également parlé en Amérique du sud, en Guyane française ainsi qu’au Brésil (lanc-patua), dans l’océan indien, aux Seychelles, à la Réunion, sur l’île Maurice et Rodrigues, sans oublier le tayo à Saint-Louis en Nouvelle-Calédonie.
Les créoles anglais sont encore eux aussi particulièrement présents en Guyane française avec l’aluku, le boni, njuka ou saramacca. On les trouve aussi en Amérique centrale, et plus précisément au Belize ou le créole appelé Bileez Kriol constitue la langue la plus parlée du pays ainsi qu’au Costa Rica (mekatelyu) ; dans le Pacifique, on a le bichmalar, la langue nationale du Vanuatu, certains Australiens aborigènes parlent encore le Roper river creole et de nombreux Papous ont encore comme véhicule de communication le tok pisin. En Afrique, la Liberia et Sierra Leone sont les deux pays où l’on parle encore le créole anglais. Le créole portugais est quant à lui utilisé en Afrique de l’Ouest, au Brésil, en Inde, à Hong-Kong ainsi qu’en Malaisie. Enfin, le créole espagnol se retrouve aux Philippines, en Colombie, ainsi qu’à Gibraltar.
Comme nous l’avons vu, le créole est né comme une opposition à la langue et culture de l’occupant ; cette situation a bien évolué en ce que le créole est souvent considéré, du moins en France, comme une composante exotique qui donne une valeur ajoutée à ces zones particulièrement intéressantes du point de vue linguistique et culturel (qui n’a pas dansé sur les rythmes endiablés de la Compagnie créole ?). Mais ces zones créoles ont une histoire riche et compliquée à prendre avec précaution lors du processus de localisation d’un produit ou d’une marque. Pour plus d’informations sur les solutions SMG dédiées aux marchés internationaux, n’hésitez pas à nous écrire ici.