« À cause de l’ordinateur et du téléphone portable, les jeunes ne savent plus écrire » : voici une expression qui revient souvent dans la bouche des parents qui s’inquiètent des capacités langagières de leurs enfants. Leurs préoccupations sont en effet justifiées : lorsqu’ils écrivent sur le portable ou sur des réseaux sociaux, services de messagerie instantanée, les jeunes ont tendance à raccourcir les mots ou les expressions qu’ils utilisent afin d’aller plus vite (eux-aussi sont touchés par la frénésie du quotidien). Cela serait tout à fait acceptable si ces abréviations ne les conduisaient pas à commettre des fautes d’orthographe inadmissibles. Le cyberlangage des « MDR, LOL, a b1tot » doit uniquement être réservé au domaine privé. C’est lorsque cette utilisation sort du cadre des loisirs pour envahir le domaine scolaire que les problèmes apparaissent : l’enfant risque de ne plus faire la différence entre ce qui s’écrit et ce qui ne s’écrit pas. Ce risque est d’autant plus grand que les connaissances en orthographe de l’enfant sont encore fragiles du fait qu’il est encore en cours d’apprentissage. Mais ce problème touche également les adultes, la lecture d’un autre article nous a fait véritablement frémir : un agent de la Gendarmerie royale du Canada a inséré dans son rapport le petit mot « LOL » qui a bien évidemment été vu d’un très mauvais œil. D’autres exemples concernent les candidats au baccalauréat : un article paru sur le site du Figaro nous apprend qu’un correcteur a vu ses poils s’hérisser à la lecture de la « Symphonie inHeV de Schubert » ou encore de « le tas nazi » qui aurait dû s’écrire « euthanasie » (nous espérons ne pas avoir heurté la sensibilité de nos amis lecteurs). Malgré ces grossières erreurs, les professeurs interrogés affirment que cette application du langage texto aux rédactions n’est pas fréquent, il survient généralement en fin de devoir, lorsque l’élève commence à perdre de sa concentration. Il conviendrait donc de remettre les points sur les « i » sans tirer la sonnette d’alarme.
Les nouvelles technologies, à l’origine des lacunes en orthographe, offrent de nombreuses solutions pour venir en aide aux jeunes. En effet, rappelons le correcteur orthographique présent dans les programmes de traitement de texte, l’intégration d’un correcteur pour courriels, formulaires de saisie que l’on retrouve dans la version 2.0 du navigateur Mozilla Firefox suivi par Hotmail, puis plus récemment en 2010 par Pidgin.
Par ailleurs, Google corrige les erreurs de l’utilisateur dès la frappe grâce à la recherche instantanée. Par exemple, si l’internaute saisit « logcl », la barre de recherche lui proposera immédiatement « logiciel » qui est certainement le terme que l’utilisateur souhaitait insérer.
Les nouvelles technologies ne seraient donc pas si nocives pour la langue, on pourrait même aller jusqu’à dire qu’elle occasionne son enrichissement. Eh oui, il a bien fallu trouver un équivalent français pour toutes les innovations qu’a connu le monde de l’informatique. C’est ainsi que la Commission générale de terminologie et de néologie a créé de nouveaux termes : « mot-dièse » (hashtag), « cybercaméra » (webcam) et « réalité de synthèse » qui est la traduction du terme anglais « virtual reality » pour lequel il est déconseillé d’utiliser l’expression « réalité virtuelle ». La dernière petite trouvaille de la Commission date du mois de mars de cette année et concerne l’acronyme anglais BOYD (Bring Your Own Device) qui désigne une utilisation, dans un cadre professionnel, d’un matériel personnel tel qu’un téléphone multifonction ou un ordinateur : la Commission a opté pour AVEC « Apporter Votre Équipement Personnel de communication ». De même, pour toutes les typologies de logiciels qui ont vu le jour, la langue française utilise le suffixe « –ciel » lorsque l’anglais utilise « -ware », voici quelques exemples :
Game software -> ludiciel
Shareware -> partageciel
Donationware -> donaciel
Une langue n’est pas figée, elle évolue au rythme des innovations au grand bonheur des langagiers qui prennent à cœur leur mission de « créateurs de mots ».