Selon une étude publiée En 2014 par la banque Natixis, le français pourrait devenir en 2050 la langue la plus parlée dans le monde, devançant ainsi l’anglais et le mandarin. Il est vrai que la francophonie rassemble un grand nombre de locuteurs parlant une langue déclinée en plusieurs familles géographiques qui constituent l’objet du billet d’aujourd’hui.
Commençons tout d’abord par le pays le plus proche de la France, à savoir la Belgique. La partie francophone de la Belgique correspond à sa partie sud qui coïncide avec la région que l’on appelle la « Wallonie ». La langue y étant parlée est d’origine normande, c’est donc une cousine du français, mais quelques distinctions peuvent être observées. En effet, l’alphabet wallon compte une lettre en plus par rapport à l’alphabet français : le rond en chef (å) que l’on retrouve également dans les langues nordiques telles que le danois, le norvégien, le suédois et le finnois. Les mots ont gardé le s latin, comme pour le mot épine qui est resté spène en wallon, il n’y a pas non plus de distinction de genre pour les articles définis et les adjectifs possessifs. Enfin, le tutoiement est assez mal vu, considéré comme vulgaire, privilégiant la formule du vouvoiement.
…Quelques belgicismes :
Être en affaires |
Être dans tous ses états |
Acter | Prendre acte |
Donner une baise |
Faire la bise |
Comme autre différence, n’oublions pas l’accent belge qui ne cessera jamais de plaire aux Français !
Passons à présent à nos amis suisses qui parlent un français très proche de celui de France, mis à part quelques exceptions, comme notre déjeuner qui devient en suisse un dîner, et ainsi de suite. Les chiffres soixante et quatre-vingt-dix se prononcent « septante » et « nonante ». La différence la plus marquante repose sur l’accent suisse, caractérisée par une prononciation plus longue, la consonne finale est notamment souvent prononcée.
Traversons la mer Méditerranée pour observer l’évolution du français dans les pays du Magreb, à savoir l’Algérie, la Tunisie et le Maroc. Ici, l’apparition du français est intimement liée à l’Histoire de la France et de son empire colonial. Ces régions se caractérisent par une forte interaction entre plusieurs langues, à savoir entre les différents dialectes arabes (le berbère étant le plus ancien et le plus enraciné) et le français. À la suite de la décolonisation, le processus d’arabisation n’a pas été aussi simple du fait de la complexité de l’arabe écrit et de son éloignement avec les dialectes maternels de la population. C’est ainsi que dans de nombreux cas, le français devient une langue moins étrangère que ce que l’on pense. Parmi les différences linguistiques à proprement parler, on peut citer l’utilisation du présent là où l’on aurait recours, en langue française, au passé. Cela tient au fait de l’interaction entre la syntaxe arabe qui met davantage en valeur le côté conceptuel alors que le français tend à souligner les aspects temporels.
Restons sur le continent africain et déplaçons-nous à l’ouest, et plus précisément au Sénégal. Ici, ce sont les dialectes locaux qui ont influencé et modifié la langue française. Attention à vos oreilles ou plutôt à vos yeux. Il n’est pas rare d’entendre « il est descendu du travail » pour dire que la personne est sortie du travail, rentrée chez elle. D’où vient cette expression si étrange ? Dans le dialecte Wolof, les concepts de « descendre » et « sortir » s’expriment au travers d’un même mot « Wacc » (prononcé Ouétch). De même, savez-vous ce qu’est une dibiterie ? Le mot « Dibi » en wolof signifie « viande grillée », il s’agit donc d’un endroit où l’on vend de la viande grillée. Pour en savoir plus, sur le français parlé au Sénégal, nous vous conseillons de visionner cette vidéo particulièrement intéressante de l’INA.
Il est temps de quitter l’Afrique et de traverser l’Océan Atlantique pour rejoindre le continent américain…direction Québec ! Ici, on se trouve face au français parisien du XVIIIe siècle qui a évolué au contact de l’anglais, ce qui donne une langue tout à fait particulière. C’est en 1977 que le français obtint le statut de langue officielle du Québec, enclavé par des territoires anglophones, d’où la principale caractéristique : les anglicismes. Il en existe de toute sortes, ils peuvent etre phraséologiques comme pour l’expression « au meilleur de ma connaissance » qui n’est autre que la traduction littérale de l’anglais « at the best of my knowledge » ou encore lexicaux (centre d’achat pour le centre commercial). Et également des anglicismes phonétiques : en partant de l’anglais « beans », on a francisé son écriture « binnes » et voilà comment dire haricot en québécois ! Enfin, les ancêtres des Québécois étant des marins, il est donc logique de voir plusieurs termes empruntés à ce domaine d’activité : embarquer/débarquer d’une voiture (Monter ou descendre d’une voiture).
Nous attendons vos contributions sur les particularités linguistiques du français dans votre région !