Une certaine loi non écrite fait le rapprochement entre l’augmentation continue de la population mondiale et une augmentation probable du nombre de litiges entre des personnes de nationalités et de langues différentes. Les échanges commerciaux internationaux et les séries de faits divers illustrent parfaitement comment des mésententes, des violations et des délits peuvent nécessiter l’intervention d’une personne compétente, qui s’efforce de faciliter physiquement la communication par son rôle d’interprète ou qui intervient sur des textes consignés afin que la partie en difficulté puisse elle aussi bénéficier d’un langage compréhensible.
La demande croissante exige une réponse appropriée qui se base sur une offre de médiation linguistique fidèle et de qualité et, plus particulièrement, fidèle à ses obligations. La nature et l’importance de ce sujet impliquent qu’il est tout à fait logique, voire même naturel, de toujours s’adresser à une agence professionnelle spécialisée en traduction juridique. Cette agence doit être en mesure de prouver qu’elle dispose des connaissances appropriées selon le cas ainsi que d’une évidence flagrante : celui qui garantit un tel service doit être un traducteur/interprète certifié, familiarisé avec les aspects, la terminologie et la région pour laquelle il s’est spécialisé, mais, tout au moins, il doit surtout disposer des compétences linguistiques requises et s’interdire de fournir un service fallacieux et bâclé.
Ce point soulevé n’est en aucun cas anodin. Dans un souci de précaution, la logique encouragerait à faire appel, dans ce genre de situations, à des médiateurs dont au moins une des deux langues utilisées est la langue maternelle et qui ont une connaissance de l’autre langue à un niveau au moins égal au niveau européen C1. Toutefois, cela n’est pas toujours possible, comme dans le cas de langues mineures ou spécialisées pour lesquelles il est impossible de bénéficier d’un traducteur/interprète spécialisé ou d’un service d’interprétariat entre les deux langues via une troisième langue (on parle alors de « relais »). L’infaillibilité assurée par de solides connaissances linguistiques est un atout crucial pour le traducteur/interprète juridique dont la fonction, dans le contexte juridique, est de supprimer les barrières linguistiques qui empêchent la partie concernée d’accéder à la justice de façon équitable.
C’est pour cette raison qu’il est important de réfléchir au rôle et à la charge de responsabilité d’une telle profession, orientée directement vers l’intérêt du demandeur, du témoin ou du défendeur et dans l’intérêt de tous ceux qui prennent part à la procédure, y compris le public. Les erreurs et le manque de rigueur sont tout aussi dangereux pour la personne bénéficiant de ce service qu’ils sont néfastes pour le traducteur/interprète professionnel. En effet, d’une part, une condamnation injuste pourrait en découler et, d’autre part, cela pourrait nuire fortement à la réputation, voire entraîner des amendes et des délits punis par la loi. Officiellement reconnu en tant qu’expert indépendant, le traducteur et interprète juridique est visé à l’article 64 du Code de procédure civile italien, qui prévoit que « les dispositions du code pénal relatives aux experts s’appliquent aux experts indépendants ».
Les faits divers regorgent de cas de peines appliquées suite à des traductions erronées. Citons par exemple cette affaire absurde, datant de 2004, où le travail peu consciencieux d’un traducteur naïf a fait passer Yesmin Akter, femme originaire du Bangladesh, de simple témoin des faits à la meurtrière de son mari. Un autre épisode remontant à 2007 où un Tunisien a été arrêté pour association de malfaiteurs en vue d’une intention terroriste sur la base d’un appel téléphonique : dans cette affaire, l’interprète avait confondu quelques bouteilles de limonade Virgin avec des « passeports vierges ». Et on se souvient de cette drôle d’affaire – pas si drôle pour les victimes du quiproquo – en 2010, lorsqu’un cheik syrien et un ingénieur français ont presque fini derrière les barreaux avec une accusation de terrorisme simplement parce que la tonne de grenades pour lesquelles ils faisaient affaire n’étaient pas des « grenades » mais plutôt des « grenadiers ».
De toute évidence, de telles histoires frôlent l’absurdité. Elles correspondent pourtant à la réalité et reflètent les principaux risques auxquels s’exposent les cours et tribunaux en tout genre. Par ailleurs, l’absence d’une organisation effective de traducteurs qui soit en mesure de définir un certain professionnalisme et d’apporter des garanties concrètes ne permet pas de garder une conscience tranquille et oblige à établir une relation de confiance entre le médiateur et le tribunal basée simplement sur l’espérance. En conclusion, le danger guette en permanence à l’angle. Ou mieux encore, sur le bout de la langue.