Notre apprenti traductrice française nous dévoile son point de vue sur la traduction automatique, le fruit de ses premières expériences dans le monde de la traduction.
« La première fois que j’ai entendu parler de traduction automatique, je me suis presque bouché les oreilles en pensant qu’il n’était pas question qu’une machine prenne le travail auquel je me destine. Puis, étant étudiante en traduction, je n’ai pas pu faire autrement que d’en entendre parler davantage, de lire des articles et des études à ce sujet, et même de tester certains outils. Et aujourd’hui, mon opinion est bien différente.
Pendant longtemps, l’idée d’une machine qui pourrait traduire automatiquement d’une langue à l’autre n’est restée qu’un rêve. Et même si les réflexions et les recherches sur ce sujet ont été nombreuses et remontent au XVIIème siècle, la première ébauche d’une telle « machine » date des années 1950. En effet, au moment de la guerre froide, l’espionnage entre les États-Unis et la Russie nécessite de trouver un moyen d’automatiser rapidement et spontanément la traduction. Commence alors le véritable développement de la traduction automatique. Par la suite, celle-ci se développera en même temps que les ordinateurs et l’informatique.
Rappelons que la traduction automatique se distingue de la traduction assistée par ordinateur dont nous avons déjà parlé dans d’autres articles. Globalement, les logiciels de traduction automatique travaillent à partir de corpus de textes et se basent sur une méthode statistique. C’est-à-dire qu’ils utilisent des algorithmes qui vont permettre de traduire des textes d’une langue à une autre. Les algorithmes vont chercher les mots, les constructions grammaticales ou les constructions syntaxiques les plus analogues. Ces correspondances linguistiques sont recherchées dans le corpus de textes, de traductions déjà effectuées et gardées en mémoire par le traducteur automatique. C’est ainsi que fonctionne par exemple Systran ou encore Google Translate.
J’ai moi-même eu l’occasion de tester différents logiciels de traduction automatique, gratuits et payants et, en réalité, j’ai pu constater l’efficacité considérable de ces logiciels, à condition de savoir les utiliser, de rester vigilant et d’être toujours conscient des limites de la machine par rapport aux capacités intellectuelles d’un être humain. En effet, ces outils sont très utiles pour les textes les plus techniques. Plus ces textes sont techniques, plus le logiciel sera précis et efficace. Prenez par exemple un mode d’emploi pour monter un meuble. Les phrases sont généralement courtes et sont souvent à la forme impérative ou infinitive, la terminologie est on ne peut plus technique ce qui, en un sens, la rend facile à traduire. Essayez maintenant de passer un extrait de Madame Bovary de Gustave Flaubert, je vous assure que malgré l’histoire dramatique, vous avez de bonnes chances de rire un moment.
En ce sens, les recherches en traduction automatique par la méthode statistique tendent justement à trouver un système, à développer toujours plus des algorithmes qui permettraient de traduire des textes « à morphologie complexe », c’est-à-dire des textes dont la syntaxe et le style sont rigoureusement travaillés (comme dans les textes littéraires par exemple).
Aussi, pour ce qui est de la traduction technique (par opposition à la traduction littéraire), la traduction automatique propose des outils suffisamment développés pour permettre de gagner un temps considérable et donc de réduire les coûts et les délais.
Mais pour cela, à mon avis, un travail de pré-édition et/ou de post-édition s’avère indispensable. En effet, avant de demander à un programme de traduction automatique de traduire un document, il peut être bon de préparer le texte (par exemple enlever les retours à la ligne qui pourraient fausser les analyses du traducteur automatique et lui faire traduire en deux phrases ce qui, en réalité, ne correspond qu’à une seule phrase ; vérifier rapidement s’il y a des fautes d’orthographes dans le texte source, etc.). De même, une fois la traduction automatiquement produite, dans la plupart des cas, il est nécessaire de retravailler quelque peu le texte pour que celui-ci soit le plus fluide possible dans la langue cible.
Cependant, même avec ces tâches de pré-édition et de post-édition qui pourraient sembler être une charge de travail supplémentaire, lorsque l’outil est utilisé de la bonne façon et consciencieusement, le traducteur augmente assurément sa productivité sans pour autant compromettre la qualité de son travail.
En conclusion, mon expérience et mes lectures m’ont convaincue que la traduction automatique se révèle être un nouvel outil performant à porter de main des traducteurs et qui peut devenir un véritable atout. Cependant, il est clair que le travail d’un traducteur humain reste essentiel. La machine ne se substitue pas au traducteur humain, elle ne fait que le compléter. »