Il existe désormais une multitude d’entreprises multinationales qui possèdent plusieurs sièges aux quatre coins du monde et dont la principale langue de communication est l’anglais, devenue la lingua franca par excellence. Le niveau en anglais du personnel français étant généralement peu satisfaisant, cette situation provoque parfois des problèmes psycho-sociaux. Zoom sur ce malaise « tout-anglais ».
L’usage prépondérant de l’anglais et par conséquent l’absence de traduction vers la langue maternelle des entreprises tournées à l’international peut s’avérer particulièrement coûteux pour une entreprise.
Rappelons le cas de Danone, le leader mondial des produits laitiers frais qui, en juillet 2012, a été contraint de faire traduire l’un de ses logiciels de gestion vers le français à la suite de plaintes déposées par le personnel de sa filière située dans le département de l’Isère : leur niveau en anglais ne leur permettait pas d’être à même d’utiliser le programme en question.
En ce qui concerne la législation en vigueur, le Code du travail et plus précisément l’article L.1221.3 prévoit la disposition suivante « Le contrat de travail établi par écrit est rédigé en français. ». Toujours dans la même lignée, en 2011, la Cour de Cassation avait rappelé à l’ordre un employeur ayant rédigé en anglais la clause fixant les objectifs à atteindre en vue de la rémunération, cette disposition contractuelle fut donc jugée inopposable car illicite.
Petite information qui pourrait vous être utile : en cas de non-respect de cette disposition, l’employeur physique est passible d’une amende de 750 €, cette sanction pécuniaire s’élève à 3750 € pour les personnes morales telles que les entreprises ou associations.
Autre conséquence de cette omniprésence de l’anglais : la mauvaise qualité de la communication interne et externe de l’entreprise. Il s’agit de l’un des problèmes déjà évoqués sur ce blog : la négligence de l’importance des services de traduction. Trop souvent, les chefs d’entreprise choisissent d’effectuer la traduction de documents internes, techniques ou encore promotionnels aux personnes qui « parlent » l’anglais. Puisque la complexité des langues et de l’interculturel sont négligés, le sens est transmis par le mauvais vecteur et les résultats sont souvent catastrophiques avec à la clé des poursuites judiciaires, condamnations financières. Pour éviter tous ces problèmes, mieux vaut avoir recours à une traduction effectuée par des spécialistes de langue maternelle.
Outre ces problèmes pour l’entreprise, une telle situation conduit dans certains cas à l’augmentation du mal-être sur le lieu de travail.
En effet, le syndicat de l’encadrement, le CFE-CGC, a inséré en 2011 un nouveau facteur dans son baromètre annuel sur le stress : les langues étrangères ! En septembre 2013, l’enquête de Cadre Emploi et de l’organisme de formation 1to1 English révèle que 83 % des cadres français doivent parler une autre langue que leur langue maternelle, dans l’exercice de leur activité professionnelle et que 47 % manquent d’aisance lorsqu’ils s’expriment dans la langue de Shakespeare. Conscients de leurs difficultés à communiquer (par oral ou par écrit) en anglais, ces derniers se sentent démotivés, perdent confiance en eux et ne parviennent pas à exprimer tout leur potentiel. De telles conditions de travail ont également tendance à accentuer la distanciation entre les différentes fonctions de l’entreprise : en effet, les personnes possédant une parfaite maîtrise de l’anglais accèderont plus facilement aux postes à responsabilités et seront mieux considérés que les salariés ayant du mal à parler une langue étrangère.